Méditation - 6e dimanche de Pâques Enregistrer au format PDF

Samedi 16 mai 2020
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Chers amis ,

Voici, pour ce 6e dimanche de Pâques ( il y en a 7) ,

le commentaire que je vous propose, à savoir : revisiter la première lecture ( Ac 8, 5-8. 14-17) ainsi que l’ensemble du livre des Actes des Apôtres.

Pour l’Église de Jérusalem, la persécution qui éclate après la lapidation d’Étienne (Actes 8) occasionne une rupture.

Personne n’avait prévu de sortir hors de Jérusalem au début.

C’est la menace de l’emprisonnement et du supplice, tel celui d’Etienne, qui provoque la dispersion des premiers chrétiens, en Samarie notamment.

Alors le diacre Philippe (l’un des Sept ) transforme cette fuite en un nouveau départ, la menace en opportunité.

Philippe profite de cette mini-migration forcée pour annoncer le Christ ; et les foules de Samarie lui font bon accueil.

L’Esprit saint rend l’Eglise capable de s’adapter, d’anticiper les ruptures se produisant dans son environnement et de transformer le danger en source de progrès.

Au début d’Actes 8, Philippe semble bien seul en Samarie.

Mais très vite, Jérusalem entend parler de ses succès imprévus, et dépêche Pierre et Jean pour faire le lien.

La coopération qui se met ainsi en place deviendra un trait structurant des Églises : donner/prendre des nouvelles, s’écrire, se visiter, s’entraider (Ainsi la collecte que Paul organise autour du bassin méditerranéen pour l’Église de Jérusalem en difficulté financière).

Ici, c’est le ministère de Philippe qui est comme complété par celui de Pierre et Jean :
ceux-ci imposent les mains pour donner aux samaritains l’Esprit Saint que le baptême du diacre Philippe n’avait pas suffi à répandre.

y ont vu la figure de ce qui allait devenir le sacrement de confirmation ensuite, conféré par l’évêque.

D’autres y ont vu la figure de l’effusion de l’Esprit, pratiquée encore aujourd’hui dans les communautés charismatiques.

Quoi qu’il en soit, c’est l’indice d’une coopération très forte entre diacres et prêtres/évêques, entre Jérusalem et la Samarie, entre anciens et nouveaux chrétiens etc.

C’est une coopération, tant en interne qu’en externe comme ce que l’on voit aujourd’hui par exemple avec cet échange de prêtres venant d’ailleurs.

Évidemment, l’Église n’est pas une entreprise et n’a pas de clients !

Cependant, le peuple de Dieu est bien destinataire du ministère apostolique, qui doit innover en permanence pour nourrir les baptisés (pasteur veut dire faire paître).

C’est ainsi que Philippe, l’un des Sept, avait été institué pour le service des tables, et non pour l’annonce de la parole, apparemment réservée aux apôtres (Ac 6,2–4)

Pourtant, face à une situation nouvelle, Philippe n’hésite pas à innover, même ministériellement : il proclame l’Évangile, il baptise, il rassemble la communauté.

L’Esprit fait toutes choses nouvelles : c’est lui qui conduit l’Église à trouver à chaque époque les ministères, les rôles et les fonctions de chacun ce qui permet à tous de ne pas mourir de faim (spirituelle).

Les Sept eux-mêmes sont la preuve éclatante de l’agilité chrétienne nécessaire.

Jésus n’avait jamais prévu ni demandé ce ministère diaconal.

Mais l’Esprit a poussé l’Église à innover. Il continue à le faire !

La vérité de la Foi est une mais elle n’est pas immobile, ni l’identité chrétienne figée.

Ne pas être agile pour anticiper les besoins des fidèles et y répondre le mieux possible est à mon sens un « péché contre l’Esprit » !

Lorsque l’Église n’a pas voulu innover, ses raidissements ont provoqué des catastrophes , tenez : la rupture d’avec Luther voulant réformer l’Église, le refus de célébrer les offices en Chinois au début du XVIIe siècle , ce que réclamait le père jésuite Matteo Ricci, a retardé l’évangélisation là-bas.

Voyez le Japon (le dernier film de Martin Scorcèse : Silence, évoque l’imperméabilité du Japon aux croyances et rites romains du XVIIe siècle).

À l’inverse, chaque fois que l’Église a su faire du changement un allié, elle a suscité une adhésion immense : comme avec le rétablissement du diaconat permanent au concile vatican II.

Avec Philippe en Samarie, l’Église expérimente que les ministères sont pour les croyants. Ecoutons Saint- Paul :

« C’est le Christ qui a donné (à l’Église) certains comme apôtres,
d’autres comme prophètes, d’autres comme évangélistes,
d’autres enfin comme chargés d’enseignement,
afin de mettre les croyants en état d’accomplir le ministère
pour bâtir le corps du Christ »

(Ep 4, 11-12).

Dans la famille chrétienne, nous dépendons tous les uns des autres.

Les fidèles sont redevables aux prêtres/diacres/évêques des sacrements et de la présidence ecclésiale.

Les ministres se nourrissent de la foi des fidèles, de leur générosité, de leur témoignage de vie en tant que laïcs dans leurs entreprises, familles, communes etc.

La réciprocité entre tous, est le signe d’une Église en bonne santé.

Pour résumer cette réflexions disons ceci :
dès le début, les premiers disciples de Jésus-ressuscité sont poussés par l’Esprit à innover, à s’adapter, à complexifier le service rendu au peuple élu en fonction des événements (persécution) ou des besoins (s’occuper des veuves, mettre en place des responsables de communauté etc.).

Cette agilité chrétienne est la caractéristique de l’Esprit animant l’Église.

Ne perdons jamais de vue que l’ humanité est à nourrir spirituellement , à écouter dans ses besoins fondamentaux, à accompagner dans ses changements pour les éclairer et les purifier, si nécessaire, de l’égoïsme qui pourrait y apparaître… puisqu’il s’agit de bâtir un monde d’amour selon le cœur de Dieu tel que Jésus l’a manifesté.

Prions pour que l’Esprit du Ressuscité nous donne sa force et son souffle

Pour être agiles, aujourd’hui, à sa manière et donc pour être inventifs dans l’obéissance en ce temps de déconfinement !

Votre frère Joseph.
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