Les vœux de Noël adressés par le pape François à la Curie furent l’occasion du plus sévère diagnostic dressé contre les dysfonctionnements du gouvernement central de l’Église catholique depuis le début du pontificat de celui qui fût élu pour y remédier.
Tel un médecin le pape a décrit, une à une, quinze « maladies » ayant gagné le corps de la Curie. Celle d’abord de se sentir « immortel, immune et indispensable », puis il a désigné la « maladie de la rivalité et de la vanité » avec comme effet conséquent celle de la « mauvaise coordination » venant bien sûr du manque d’esprit d’équipe. Le pape François invente un néologisme le « marthalisme » expression faisant apparaître une maladie dérivée de la figure évangélique de Marthe qui ne choisit pas la meilleure part mais tombe dans le « stress et l’agitation ». Dans le même sens, il a relevé la « maladie de la planification excessive et du fonctionnalisme » qui éloigne l’Église des desseins novateurs de l’Esprit Saint. Parmi les autres « maladies curiales » selon son expression, il a cité également celle de la « pétrification mentale et spirituelle ». Un mal qui rejoint celui de l’« indifférence envers les autres » et celui de l’« Alzheimer spirituel », qui atteint « ceux qui ont perdu la mémoire de la rencontre avec le Seigneur » laissant dominer « leurs passions, humeurs et manies ». Le pape a poursuivi son énumération en citant encore la « schizophrénie existentielle » de ceux qui mènent une « double vie », la maladie du « visage funèbre » envers ses subordonnés, celle qui consiste à « diviniser les chefs » ou encore celle des « cercles fermés » d’appuis entre amis. Le pape François a achevé son « catalogue » par la maladie du « profit mondain » touchant celui qui « transforme son service en pouvoir », selon une opposition de termes à laquelle il recourt souvent. Pour définir chacun des maux, le pape s’est appuyé sur des passages des Évangiles comme pour mieux interpeller son auditoire ecclésial.
« Je ne veux pas finir ces vœux sans vous demander pardon pour les fautes, les miennes et celles de mes collaborateurs, et aussi pour les scandales, qui font tant de mal. Pardonnez-moi » a conclu le pape son intervention auprès des 4000 employés du Vatican et leurs familles. Selon son habitude, il a aussi fini en demandant à ses auditoires de prier pour lui. ( La Croix 23 décembre 2014)
Ce discours public sert en fait d’appel au reste de l’Église. Le pape l’invite à prendre position. Il veut réveiller les prêtres, évêques et aussi les laïcs à soutenir sa réforme. Jusqu’à maintenant, les mouvements d’Église, quel que soit leur objet, ne se sont pas prononcés. Ses paroles peuvent les inciter aujourd’hui à réagir. (La Croix, 24, 25 décembre 2014)
Source : La Croix,