Le nouveau souffle des jumelages diocésains Enregistrer au format PDF

Vendredi 7 avril 2017
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Les partenariats entre diocèses, à l’image parfois poussiéreuse ou très institutionnelle, semblent trouver un nouvel élan. De l’échange épistolaire à l’organisation de voyages, de la construction d’églises aux actions de développement, de nombreux laïcs multiplient les initiatives pour renforcer ces liens.

Il a choisi le 8 janvier, date symbolique de prière pour les chrétiens d’Afrique, pour l’officialiser. Au début du mois dernier, Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), a promulgué une charte entérinant le jumelage de son diocèse avec celui de Kara, au Togo. Loin de vouloir cantonner ce partenariat à un dialogue purement institutionnel avec son homologue africain, Mgr Jacques Longa, Mgr Marc Aillet ambitionne de fédérer, autour de ce projet, de nombreux paroissiens. Et ce, « en créant notamment, dans les semaines à venir, des comités de pilotage ouverts aux laïcs pour promouvoirune ouverture et un partage supplémentaires », explique l’abbé Jean-Michel Barnetche, délégué diocésain de la mission universelle.

« Parce que les jumelages sont l’affaire de tous », résume Sœur Colette Bence. Cette religieuse de la congrégation des Missionnaires de l’Évangile, au Vésinet (Yvelines) recense, depuis quelques années, les actions entreprises en France dans le cadre des jumelages diocésains pour le compte du Service national de la mission universelle de l’Église (SNMUE). « Comme des êtres vivants, certains disparaissent tandis que d’autres naissent », concède-t‑elle. Mais, ajoute-t-elle, les partenariats noués entre diocèses français et du monde entier – vieux, pour certains, de plusieurs siècles – semblent connaître actuellement « un regain d’intérêt ». Un constat qu’elle impute, en partie, à l’implication croissante des paroissiens. À Lyon, le nombre de fidèles de l’église Saint-Michel-en-Rhône-et-Loire (Rhône) qui s’apprêtent, comme chaque année sur deux depuis l’officialisation du jumelage il y a quinze ans, à rendre visite en avril à leurs confrères du diocèse libanais d’Antélias, ne cesse de grandir. De douze en 2015, ils sont passés à vingt inscrits, dont cinq jeunes, cette année. « Logés chez les familles, nous y vivons une réelle expérience de fraternité, tant sur le plan humain que spirituel »,témoigne Françoise Darphin, la présidente du jumelage. « Cet échange nous permet de sortir de notre égoïsme paroissial : il nous ouvre à l’universalité et aux chrétiens du Moyen-Orient, dans le respect de chacune de nos deux Églises »,poursuit-elle. Et bien au-delà, il suscite même des conversions. Nicole, l’une des participantes du précédent voyage, a formulé le vœu d’être baptisée là-bas cette année.

Ils sont nombreux à l’affirmer, la clé du dynamisme d’un jumelage passe par l’attention constante portée à l’autre. « Les relations doivent être entretenues, sinon le jumelage peut s’essouffler », concède Françoise Darphin. Envoi de dessins entre écoles primaires catholiques, de lettres entre maisons de retraite, pistes de réflexions échangées entre jeunes d’aumônerie… Si les rencontres réelles peuvent se révéler trop coûteuses, certains paroissiens n’hésitent pas à se lancer dans la correspondance épistolaire. D’autres encore choisissent de développer des partenariats plus économiques, en parrainant des actions de développement ou d’évangélisation. À Kaya, au Burkina Faso, l’Église de Nîmes a permis la construction d’une École supérieure polytechnique, formant des étudiants en génie civil de niveau IUT. À Paris, la paroisse de Saint-Ambroise s’est mobilisée pour la construction d’une église à Abidjan, en Côte d’Ivoire. « Mais il faut prendre garde à ce que les relations de jumelage ne soient pas à sens unique, avec un parti nettement plus investi que l’autre, notamment dans le cadre de parrainages économiques », tempère Sœur Colette Bence. Dans le diocèse de Fréjus-Toulon, le jumelage entériné avec Homs, en Syrie, a été quant à lui soutenu financièrement par une initiative portée par de jeunes paroissiens. Dans le courant de l’année 2015, François, un étudiant de 19 ans, veut alors venir en aide aux chrétiens de Syrie. Accompagné par deux, puis bientôt trois amis, il se rapproche de Mgr Dominique Rey et lui propose de consacrer ses deux mois d’été à collecter des dons. Séduit par le projet, l’évêque leur signe « une sorte de laissez-passer » leur permettant de quêter à la sortie des messes.

En deux mois, et sans être rattachés à aucune association officielle, les quatre jeunes, « impressionnés par la générosité des gens », récoltent plus de 8 000 €. Des fonds qui seront ensuite transférés, après l’officialisation du jumelage en novembre 2015, par le diocèse de Fréjus à celui de Homs, dans le cadre d’un programme d’accompagnement financier. Accompagnement qui prévoit notamment, explique Thaddée de Slizewicz, le délégué diocésain en charge du dialogue avec les chrétiens d’Orient, une aide « pour la reconstruction de la grande cathédrale de Homs ».

Malo Tresca

La Croix 21 février 2017

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