Le dimanche : une histoire Enregistrer au format PDF

Samedi 31 décembre 2016 — Dernier ajout jeudi 29 décembre 2016
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Depuis les débuts de l’Église, les chrétiens ont célébré le dimanche. Mais autour d’éléments intangibles, il n’a pas toujours ressemblé à ce que nous vivons aujourd’hui.

Au point de départ.

Les actes des Apôtres nous rapportent que les assemblées liturgiques dominicales prennent vite une importance particulière (Act 2, 42-44 ; Act 20, 7) : rassemblement de la communauté dans une maison, enseignement, liturgie eucharistique, repas fraternel, partage avec les plus pauvres. Au début du deuxième siècle, la « Didaché » fournit des renseignements plus précis : rassemblement eucharistique du dimanche autour des évêques et des diacres, célébration des baptêmes et de la pénitence, très probablement le même jour. En 112, une lettre de Pline le Jeune à l’empereur Trajan rapporte qu’il y a deux assemblées le dimanche. La première, liturgique avant le lever du soleil. La seconde, le soir, peut-être un simple repas.

Du IVe au VIIIe siècle

La paix constantinienne a des conséquences sur le dimanche. Les chrétiens se rassemblent dans des basiliques nouvellement édifiées. La liturgie, désormais en latin, y gagne en durée et en solennité. Au IVe siècle, le dimanche devient jour de repos et la religion chrétienne devient religion d’état. Des foules considérables envahissent les églises. Peu à peu, la cessation du travail devient l’élément majeur du dimanche qui garde ses éléments premiers : catéchèse, eucharistie, repas, service des pauvres et des absents.

Du Moyen Age à Vatican II

La messe dominicale est le cœur du dimanche, qui reste un jour de repos, de rencontres festives, de visites aux malades et aux pauvres, de participation aux œuvres de charité. Mais l’Eucharistie est concurrencée par les exercices de piété. A partir du XIIe siècle, le rassemblement du dimanche se fait de plus en plus autour des lieux de pèlerinage, du culte des reliques, des mystères représentés, de la vie des saints. Au XIIIe siècle, ce sera autour de la crèche et des processions du Saint Sacrement. Ainsi, même s’il reste un jour de repos, consacré au culte, le dimanche n’est plus le jour où une communauté chrétienne établie se rassemble pour l’eucharistie. Ce sont les périphéries de la célébration eucharistique qui vont éviter une banalisation complète du rassemblement dominical. A la fin du Moyen-âge, l’interdiction du travail dominical revient fortement, transformant le dimanche en obligation morale, mais lui redonnant sa dimension.

Le Concile de Trente recentre le rassemblement dominical sur la messe et la catéchèse. Le XVIIe siècle est marqué par les messes solennelles, les cantates, le théâtre religieux et par un absentéisme important à la messe. La prédication qui a lieu en dehors de la messe prend de l’ampleur au point de devenir, dans les villes, un rendez-vous mondain. Le XVIIIe siècle retrouve le souci pastoral de rassembler la communauté chaque dimanche presque exclusivement pour le culte. Au XIXe siècle, on redécouvre la façon dont l’Eglise primitive vivait le dimanche. La messe redevient centrale mais le rassemblement dominical s’y limite.

Et aujourd’hui ?

L’époque n’est guère favorable au dimanche. Les loisirs l’ont envahi et les activités commerciales tendent à en faire un jour comme les autres. Pourtant, Vatican II a insisté sur l’importance, pour les chrétiens, du dimanche comme célébration du mystère pascal (S.C. 106). Nos communautés chrétiennes perdraient beaucoup à se priver de l’Eucharistie et à ne pas renouveler leur manière de vivre le dimanche.

Serge Kerrien
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