Pour beaucoup de nos contemporains, le dimanche est un jour dévoré par de multiples activités, un jour d’ennui où la solitude pèse, un jour où l’on dort pour récupérer. Alors, comment parler de jour de fête ?
Et pourtant, nous avons besoin de faire la fête pour être heureux. L’Église, dans sa grande sagesse, a ponctué de fêtes l’année liturgique et, avec le dimanche, elle nous rappelle cette nécessité habituelle de la fête. Le dimanche, comme jour de fête, est donc un trésor pour nous aider à vivre, et l’obligation dominicale une façon de nous rappeler qu’il ne faut pas oublier de faire la fête, au risque de nous enfermer dans le travail, de devenir les esclaves de la rentabilité et du rendement.
La fête et l’année liturgique
On ne peut pas faire tout le temps la fête ; ce serait insupportable. Pour que le dimanche soit une fête, il est nécessaire qu’il se distingue des autres jours de la semaine et que les jours de fête de l’année liturgique ne ressemblent pas à un dimanche ordinaire. Tout mettre au même niveau c’est tomber dans la monotonie et l’ennui et aplatir le temps liturgique. Si les dimanches ordinaires ressemblent au dimanche de Pâques ou de la Pentecôte, il n’y a plus de fête puisqu’il y a tout le temps la fête. Nous aurions tout intérêt à retrouver une forme de sobriété de nos dimanches ordinaires pour que les dimanches de fête le soient vraiment, sans pour autant tomber dans une forme de misérabilisme des dimanches ordinaires. En y veillant, nous déployons, de manière ajustée, toutes les facettes du mystère chrétien.
La fête et la gratuité
La gratuité est une dimension essentielle de la fête et, paradoxalement, toute fête implique un coût : il faut la préparer. L’année liturgique est ainsi bâtie : le Carême prépare Pâques, l’Avent prépare Noël, la semaine prépare le dimanche. Cette question du coût nécessaire nous interroge sur le dimanche et nos pratiques liturgiques : peut-on faire la fête sans prendre le temps, sans recherche de beauté, sans musique, sans chants, sans fleurs, sans habits de fête ? Même si la fête est gratuite et ouverte à tous, elle exige donc un minimum de préparation.
Le dimanche et le repos
Le dimanche a aussi quelque chose à voir avec le temps. Difficile à faire entendre dans notre contexte, quand les acteurs économiques en font un jour comme les autres. Dans les trois premiers siècles de l’Église, le dimanche n’était pas un jour de repos. Il le deviendra progressivement parce que l’homme est fragile et que l’activisme n’est qu’une course en avant qui masque la peur du lendemain. Dans sa sagesse, l’Église l’a compris et elle a fait du dimanche un jour de libération de l’homme parce que la fête libère.
Le dimanche et nos vies
Il est donc essentiel pour la vie de nos familles, pour notre société, d’avoir le dimanche pour faire la fête. Ainsi, le repas familial du dimanche est un moment important pour construire une sociabilité familiale. Ce n’est pas toujours facile à cause de nos activités. Il reste alors le dimanche soir où les familles savent trouver de nouvelles formes de convivialité. Les enjeux sont énormes pour nos vies personnelles, nos vies familiales trop souvent éclatées et tiraillées par de multiples activités, voire par le travail dominical imposé. L’enjeu est aussi pour nos communautés chrétiennes qui ne pensent pas assez à proposer des temps de convivialité qui brisent les solitudes et créent un lien social vrai dont l’Eucharistie célébrée et partagée est l’anticipation et le signe.