Le dimanche, premier et huitième jour de la semaine. Enregistrer au format PDF

Samedi 4 mars 2017
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Depuis que le dimanche est célébré, les chrétiens lui ont donné plusieurs noms : premier jour de la semaine, jour du Seigneur, huitième jour, jour de la résurrection. Que le dimanche soit à la fois présenté comme le premier et le huitième jour de la semaine peut étonner et sembler paradoxal. Pourtant il n’en est rien, les deux appellations étant parfaitement complémentaires.

Le premier jour de la semaine

« Depuis les temps apostoliques, [le premier jour après le sabbat], le premier jour de la semaine, commença à caractériser le rythme même de la vie des disciples du Christ. Désormais ce sera l’une des caractéristiques qui distingueront les chrétiens du monde environnant ». (Jean Paul II, Dies Domini 21). Les Actes des Apôtres nous rapportent que les chrétiens de Troas se rassemblaient le lendemain du sabbat (Ac 20, 7). Cette pratique de toute l’Église primitive repose sur un fait déterminant qui donne sa signification au dimanche : c’est lors de ce premier jour de la semaine que le Seigneur ressuscité se donna à voir pour la première fois à Marie Madeleine (Jn 20, 1 ; Mt 28, 1 ; Mc 16, 2 ; Lc 24, 1) et aux disciples, le soir de ce même jour (Jn 20, 19). La seconde apparition du Christ ressuscité a lieu « huit jours plus tard » (Jn 20, 26).

Le rythme hebdomadaire de l’assemblée chrétienne trouve là sa source.

Chaque dimanche, parce qu’il est mémorial de la résurrection, est le rendez-vous incontournable de la communauté chrétienne avec son Seigneur, nécessaire à son identité et à sa vie. Cette pratique, héritée de l’Église des Apôtres, sera la matrice de l’année liturgique et du temps chrétien. L’appellation « premier jour de la semaine » nous enseigne que le dimanche est le jour choisi par le Seigneur pour rencontrer ses disciples ; c’est un don que nous recevons sans cesse de Lui ; comment des chrétiens peuvent-ils refuser ou négliger ce don qu’il nous fait de nous rencontrer ? Et à bien observer, on verra que les dons à l’Église de la paix et de la joie, le don de l’Esprit à la Pentecôte (Jn 20, 19-23), le pardon des péchés, la monstration des plaies (Jn 20, 26-27), l’éveil et la confession de foi de ceux qui croient sans avoir vu, nous sont donnés un dimanche et donnent sens à ce jour comme à l’eucharistie que l’on y célèbre. Premier jour de la semaine, le dimanche est mémorial de la résurrection du Christ qui inaugure la création nouvelle.

Le huitième jour de la semaine.

« Le fait que le sabbat soit le septième jour de la semaine fait envisager le jour du Seigneur à la lumière d’un symbolisme complémentaire : le dimanche est le premier jour et aussi le huitième jour, c’est-à-dire placé, par rapport à la succession septénaire des jours, dans une position unique et transcendante, qui évoque non seulement le commencement du temps, mais encore son terme » (Jean Paul II, Dies Domini 26).

Pour le comprendre, il nous faut garder en mémoire le cycle de la semaine juive (7 jours rappelant la création) et y ajouter un nouveau jour : celui de la résurrection et le don de l’Esprit. C’est une nouvelle création qui s’inaugure, le commencement d’un monde nouveau qui fait de chaque baptisé une créature nouvelle dans le Christ. (Si de nombreux baptistères sont de forme octogonale, ce n’est pas un hasard).

Le dimanche rappelle que désormais nous vivons dans un monde nouveau qui vient du monde ancien et qui est appelé à s’accomplir totalement au jour final où Dieu sera tout en tous. Le dimanche est donc ce jour nouveau qui fait du chrétien une créature nouvelle, créé en lui le désir de la venue du Seigneur à la fin des temps et lui fait reprendre le cri de l’Apocalypse : « Viens, Seigneur Jésus ». Huitième jour, le dimanche inaugure les temps nouveaux et fait de la vie baptismale une marche dynamique et nouvelle vers le Seigneur qui vient.

On comprend dès lors pourquoi les chrétiens sont conviés à se rassembler le dimanche. Ce choix est significatif pour une juste compréhension de l’eucharistie. Si les chrétiens avaient choisi le jeudi, ils auraient donné à comprendre que la messe était la reprise de la dernière cène et qu’elle n’avait rien à voir avec la résurrection. S’ils l’avaient située le vendredi, elle aurait été assimilée à la mort de Jésus sur la croix. Mais c’est le dimanche, jour de la résurrection, qu’elle est célébrée pour fêter par delà la mort du Christ la victoire de Dieu, la recréation de toutes choses comme accomplissement de la création primitive et comme inauguration d’un monde nouveau en devenir. Le dimanche est bien à la foi le premier et le huitième jour de la semaine.

Serge Kerrien
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