Le Notre Père
Nous connaissons par cœur le texte du Notre Père ; peut-être même un peu trop au point de ne pas avoir souvent cherché à le reprendre en détail pour mieux en saisir le sens. Sa composition est très simple : 1 invocation : « Notre Père qui es aux cieux », suivie de 3 louanges et de 4 demandes, sept parties du Notre Père qui nous le font découvrir comme la prière parfaite, prière qui nous mène à la source et éclaire nos vies.
Les trois louanges convergent vers un même souhait : le désir du règne de Dieu.
Que faut-il entendre par « Que ton nom soit sanctifié ! » ? On demande à Dieu qu’il se révèle comme le Saint, le Tout-Autre, celui qui dépasse nos projets à courte vue. C’est une prière qui nous engage à vivre en peuple saint, renouvelé dans son cœur et dans son esprit, habité par l’Esprit Saint et témoignant au monde de la sainteté de Dieu.
Le second souhait : « Que ton règne vienne » en est la conséquence : Nous souhaitons que Dieu instaure un monde nouveau, monde de justice et d’amour où tous les hommes sont sauvés.
Le troisième souhait est que la volonté de Dieu soit faite. Cette volonté n’est pas un caprice divin, mais le projet qu’a Dieu d’établir son règne et de nous sauver. Dieu est amour, tendresse, pitié ; faire sa volonté, c’est travailler à un Royaume d’amour, de tendresse, de pitié.
Alors, pour construire ce Royaume, Il nous faut un pain suffisant, le pardon des péchés, la protection devant la tentation, la libération du mal.
Ces 4 demandes forment la deuxième partie du Notre Père. Demander à Dieu le pain, c’est demander au Père un pain qui soit une vraie nourriture. Cette demande traduit l’aujourd’hui de notre confiance au Père dont nous sommes les enfants. Mais le pain que nous attendons n’est pas seulement celui du boulanger. Nous avons besoin du Christ Parole et pain de vie, et c’est Lui que nous demandons pour nourrir nos vies et tenir dans l’espérance.
Et quand nous demandons au Père de nous pardonner nos offenses comme nous pardonnons, nous n’entrons pas dans un dialogue comptable. Dieu ne nous pardonne pas parce que nous pardonnons. Nous demandons à Dieu la grâce d’apprendre à pardonner en le regardant pardonner. Nous lui demandons la grâce de la lucidité sur notre condition de pécheurs, de savoir aimer les autres comme Lui nous aime, de dépasser la justice pour aller au pardon.
Quant à la demande de ne pas nous soumettre à la tentation, ou « Ne nous fais pas entrer en tentation » dans la plus juste traduction, il s’agit d’en saisir le sens. Ce n’est pas Dieu qui nous soumet à la tentation ; Dieu ne tente pas l’homme ; un père qui aime ne peut pas tenter son enfant. Nous lui demandons de garder intacte notre foi dans les épreuves de la vie, quelle que soit notre situation quotidienne, quelles que soient nos épreuves et nos souffrances.
« Mais délivre-nous du Mal ». Cette dernière demande concerne le Mal, c’est-à-dire tout ce qui s’oppose au projet d’amour de Dieu pour le monde. Par ces mots, nous demandons qu’en ce jour notre Père nous protège dans les épreuves de la foi. Le Mal existe dans tout ce qui s’oppose au règne d’amour, de justice et de paix désiré par le Père pour les enfants que nous sommes. C’est de ce Mal là dont nous demandons la délivrance ; il est la suprême épreuve.
Admirable prière que Jésus nous laisse. Admirable mais exigeante puisqu’elle nous engage à vivre en cohérence avec ce que nous demandons.