Le Magnificat Enregistrer au format PDF

Lundi 30 avril 2018 — Dernier ajout mardi 1er mai 2018
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Nous le chantons par cœur et avec cœur, le chant de la Vierge Marie sans trop faire attention à ce que Marie a chanté. Remarquons d’abord que le Magnificat s’adresse à Dieu : « Mon âme exalte le Seigneur ». Il ne s’agit donc pas d’un chant à Marie mais du chant de Marie qui rend grâce à Dieu pour ses merveilles. Et ce chant est la seule prière que l’Écriture nous ait conservée d’elle.

Sa composition

Composé comme un psaume, il comporte deux parties :

  • Les deux premiers versets sont caractérisés par l’emploi de la première personne : « mon âme, mon esprit, mon Dieu, mon Sauveur, me diront, pour moi ». Ces versets sont un cri de joie, en écho à la bénédiction prononcée par Élisabeth : « Heureuse celle qui a cru » En reprenant le chant de joie d’Anne, (1 Sam 2, 1-10), Marie exprime sa joie pour ce que le Seigneur a fait pour elle et confesse la sainteté du nom de Dieu.
  • La deuxième partie comprend les autres versets. Deux expressions l’encadrent : « Son amour » et « d’âge en âge, à jamais ». Il y est question des effets, à travers tous les temps, de cet amour de Dieu qui a fait exulter la Vierge : le retournement, le renversement des situations dont parle toute l’Écriture : « Il disperse, renverse, élève ; il comble de biens, renvoie ; il relève ».

Ces deux parties sont étroitement liées. Celui qui s’est penché sur son humble servante élève les humbles. Il agit pour son serviteur Israël comme il a agi pour sa servante Marie. C’est le puissant qui renverse les puissants de leurs trônes et le bonheur de Marie intéresse tous les âges.

Son actualité

Loin d’être un texte démodé, le Magnificat est d’une actualité criante. Tout d’abord, il nous apprend ce qu’est la prière chrétienne. Le chrétien, dans la prière, commence par se tourner vers Dieu pour lui rendre grâce de ses bontés et s’émerveiller de ce qu’il fait aujourd’hui. Ensuite, seulement, vient la demande. Nous nous préoccupons de Dieu avant de nous préoccuper de nous.

Puis, la prophétie que Luc met dans la bouche de Marie se réalise avec la résurrection du Christ : c’est aujourd’hui que Dieu déploie la force de son bras, c’est aujourd’hui que s’inaugure le Royaume du Christ en faveur de ceux qui craignent Dieu, les humbles et les affamés, que Dieu se montre fidèle à la promesse faite à Abraham.

Enfin, si c’est l’ange Gabriel qui annonce à Marie la venu du Messie et donc l’instauration du Royaume de Dieu, c’est Marie qui en annonce le programme. Et quel programme ! Un programme qui bouleverse radicalement nos manières de penser et de gouverner, qui renverse toutes nos idoles que sont le pouvoir, l’argent, la notoriété ; un programme dont les Béatitudes seront un écho et la vie de Jésus la figure de l’accomplissement : il mange avec les pécheurs, chasse les marchands du temple, guérit de toutes les misères, ne craint ni Hérode, ni Pilate, ni le grand prêtre, il nourrit les foules de pain et de sa Parole. Et lui, assumant toute notre humanité, prenant sur lui nos péchés, est abaissé comme le dernier des bandits. Mais, au matin de Pâques, Dieu le relève de la mort. Englobant le passé, le présent et l’avenir, le Magnificat annonce l’accomplissement du Royaume. Le thème pascal en est le centre avec l’élévation et le relèvement des humiliés.

Ni mièvre, ni neutre, le Magnificat est une invitation à lire notre vie et nos choix. A l’exemple de Marie accueillant le Christ, nous avons à accueillir le Magnificat dans nos vies et à travailler pour le Royaume.

Serge Kerrien

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