L’aspersion Enregistrer au format PDF

Mardi 29 mars 2016 — Dernier ajout jeudi 24 mars 2016
0 vote

Le rite d’aspersion est fréquent dans la liturgie, parfois à la messe du dimanche et toujours aux célébrations des funérailles. Ces deux moments ne sont pas les seuls. Quel est donc le sens de ce rite et quand l’utilise-t-on ?

L’origine

Au point de départ, on trouve ce geste dans les religions païennes. Les chrétiens des premiers siècles vont s’en emparer et le sanctifier par une prière de l’Église en vue d’exorciser et de purifier. Au VIe siècle, on ajoutait parfois à l’eau du sel ou d’autres ingrédients en fonction du rite célébré. Cette eau était toujours destinée à l’aspersion des lieux : maisons, églises, champs, et l’aspersion dominicale concernait, au départ, les différents lieux des monastères. Si la pratique s’est généralisée et maintenue, c’est parce qu’on en a fait, par la suite, un souvenir du baptême.

Le sens

Dans la liturgie, l’aspersion est habituellement un signe de purification. Pour bien en saisir le sens, il convient d’en référer au baptême. Par trois fois, on verse de l’eau sur la tête de celui que l’on baptise. C’est la façon habituelle de baptiser, bien que le baptême par immersion soit plus ancien et plus signifiant. Le geste baptismal signifie qu’on est lavé de toute souillure et qu’on reçoit la vie divine que l’eau symbolise. Toute aspersion comporte ce double aspect : purification et réception de la vie divine.

Dans les célébrations

L’aspersion va trouver place dans un certain nombre de célébrations. Ainsi, au cœur de la vigile pascale, après la rénovation des promesses du baptême, le célébrant asperge l’assemblée en souvenir du baptême. En effet, le rite de l’aspersion dominicale, organisé au IXe siècle, porte un net caractère baptismal. Le dimanche est par excellence le jour mémorial du mystère pascal et donc mémoire du baptême.

Dans la célébration des funérailles, le rite d’aspersion est très ancien. Le rituel l’explique : « L’aspersion peut rappeler que le baptême est le lien qui unit dans la foi le défunt et l’assemblée. Cela sera plus manifeste si toute l’assemblée vient, à la suite du prêtre (ou du célébrant laïc), faire ce geste qui conclura alors le dernier adieu » (Rituel des funérailles n° 102). Ne pas proposer ce geste ou le réduire en gomme la dimension de solidarité baptismale. La tradition qui consiste à bénir le corps du défunt dans la chambre mortuaire porte la même signification ; la visite dit la solidarité humaine dans l’épreuve, la bénédiction rappelle la solidarité baptismale et la communion des saints.

Quant au rituel de la dédicace, il propose l’aspersion de la nouvelle église, rappel aussi du baptême qui fait des chrétiens le temple de Dieu. En effet, l’assemblée est aspergée la première ; les murs de l’église, l’autel et l’ambon le seront ensuite. Et quand on se signe soi-même avec l’eau bénite, on appelle sur soi une plus grande libération du mal et une nouvelle effusion de la grâce divine.

Dans d’autres occasions, l’aspersion d’eau bénite est encore utilisée. Le livre des bénédictions les mentionne : bénédiction des familles et de leurs membres, d’une première pierre, d’une maison, d’une école, d’un hôpital, d’un lieu de travail, etc… des animaux, des objets pour le culte, d’une tombe.

On le voit, l’Église utilise fréquemment l’aspersion, mais à chaque fois le but est le même. Il ne s’agit pas de poser un acte magique qui tiendrait de la protection et de l’assurance tout risque. Il s’agit toujours de rappeler le mystère pascal et d’inviter les personnes présentes à renouveler la foi de leur baptême.

Serge Kerrien
Revenir en haut