« Jésus ajouta : C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »
(Mt 13, 52)
Puisons joyeusement dans le trésor de l’Église pour rapprocher quelques textes des Pères de l’Église et quelques textes tirés des documents préparatoires au synode d’octobre 2018 consacré aux jeunes afin d’éclairer ce verbe « Discerner » dans un monde où d’aucuns se plaignent de la disparition des repères.
Dans les écrits que nous ont légués les Pères de l’Église, écrivains des 5 premiers siècles, la question du discernement est régulièrement posée. En évitant une recension trop longue, réjouissons-nous de ces quelques extraits, en dépassant le côté suranné de certaines expressions :
Un ancien a dit : « Le discernement dépasse toutes les vertus ».
Comment exercer un véritable discernement et opter pour un choix raisonné, en concordance avec ce que Dieu veut pour nous ? Comment organiser toutes ces pensées qui nous viennent, comment donner à chacune sa juste valeur ?
L’habileté et la science des changeurs triomphent à discerner l’or parfaitement pur de celui qui n’a pas subi au même degré l’épreuve du creuset. Qu’un vil denier de cuivre essaie d’imiter la monnaie précieuse, en se couvrant des apparences et de l’éclat de l’or, leur œil exercé n’y sera point trompé. Puis, non seulement, ils savent reconnaître les pièces portant effigie de tyrans, leur sagacité va plus loin encore, et discerne celles-là même qui, marquées à l’empreinte du roi légitime, ne sont pourtant qu’une contrefaçon. Ils recourent enfin à l’épreuve de la balance, pour voir si rien ne manque du juste poids.
Notre devoir, à nous, est de porter dans les choses de Dieu toutes ces mêmes précautions, comme il ressort du nom même de changeurs que l’Évangile nous propose en exemple. Et d’abord, quelque pensée qui se glisse en notre cœur, quelque maxime qu’on nous suggère, mettons à la sonder un soin extrême. Sort-elle toute purifiée du feu céleste de l’Esprit Saint ? […] Ne croyez pas à tout esprit, mais voyez à l’épreuve si les esprits sont de Dieu. [2]
L’Homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn, 1,27 : Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.). L’Homme participe donc à la connaissance du bien, qui est le propre de Dieu. C’est donc dans le discernement du bien qui rend semblable à Dieu que la conscience intervient. La conscience de ce qui est à l’œuvre dans nos choix, dans notre discernement, doit nous garder de l’insensibilité et donc d’une altération de nos capacités de choisir de manière juste.
Avec les mots du XXIe siècle, poursuivons notre déambulation autour du discernement. Lors de la 15e Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, qui se tiendra du 03 au 28 octobre prochains à Rome, seront évoquées les questions liées au thème général : « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». Les jeunes sont appelés à se manifester à travers les réseaux sociaux et des documents régulièrement mis à jour sont disponibles sur le site officiel du synode 2018 (http://www.synod2018.va/content/synod2018/fr.html)
Dans les documents préparatoires, le pape François, précise ce qu’il faut entendre par discernement, plus exactement par « don du discernement » : (pour la version complète : http://www.vatican.va/roman_curia/synod/documents/rc_synod_doc_20170113_documento-preparatorio-xv_fr.html#Le_don_du_discernement )
Prendre des décisions et orienter ses actions dans des situations d’incertitude, face à des élans intérieurs contrastés : voilà le cadre de l’exercice du discernement. Il s’agit d’un terme classique de la tradition de l’Église, qui s’applique à une pluralité de situations. Il existe, en effet,
- un discernement des signes des temps, qui vise à reconnaître la présence et l’action de l’Esprit dans l’histoire ;
- un discernement moral, qui distingue ce qui est bien de ce qui est mal ;
- un discernement spirituel, qui propose de reconnaître la tentation pour la repousser et continuer d’avancer sur la voie de la vie en plénitude.
3 verbes décrivent bien un itinéraire de discernement : Reconnaître, Interpréter, Choisir.
Nous commençons à tirer de notre trésor du neuf et de l’ancien. Mais pour qu’un trésor soit utile, ne faut-il pas régulièrement le visiter et le passer au crible des besoins, des attentes, des espérances ? Cela évitera de laisser ce trésor se déprécier et devenir la proie des mites ou des voleurs (Lc 12, 33sq).
Nous verrons le mois prochain comment actualiser ce trésor.