Montre moi ton visage
Depuis plusieurs années déjà, l’Église a retenu le 11 février comme journée pécialement dédiée au monde de la santé. Ce jour-là ou le dimanche suivant, même si elle en a le souci tout au long de l’année, elle nous sensibilise plus particulièrement aux personnes malades, handicapées, âgées ou dépendantes chez elles ou en maisons de retraite ou tout simplement en situation difficile. L’Église associe enfin dans cette démarche tous les professionnels de la santé, les multiples bénévoles des associations caritatives, l’accompagnement des malades sous toutes ses formes, le service de Présence Fraternelle. Tous, à leur manière, permettent une société plus solidaire.
« L’attention aux personnes malades ou fragiles est, depuis Jésus-Christ, le signe majeur de la Bonne Nouvelle et de la venue du Royaume. Difficile pour une communauté qui ne se soucierait pas de ses membres fragiles de s’affirmer chrétienne ». (Église Catholique de France)
« J’étais malade et vous m’avez visité »
Les services de la paroisse sont multiples, mais nous manquons de bénévoles pour visiter et porter la communion aux malades et aux personnes incapables parfois de se déplacer ; pour apporter le réconfort d’un bonjour, d’une présence ; pour leur donner la possibilité de s’unir à la communauté catholique par la communion.
Nous sommes tous concernés
Ce dimanche de la Santé, même avec une intention et une prière, ne dispense pas chacun de nous de se sentir également responsable, loin de là ! Car nous savons aussi que les problèmes de santé sont multiples, bien souvent peu visibles et peuvent toucher tout le monde. À l’intérieur de la famille, du quartier, de l’association, nous pouvons, nous aussi, privilégier un contact, susciter une relation, en fonction de nos possibilités. Le faisant, nous pouvons aider « l’autre » à espérer, à revivre. « Tout ce que tu fais aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que tu le fais », nous dit Jésus.
Mais ce ne sera pas le cas aujourd’hui ! Loin s’en faut !
Je reçois, pour une prise de sang, une adolescente accompagnée de sa maman. Elle est aussi mutique que sa mère est volubile ! Pas de réponse à mon bonjour ; inutile de tenter de communiquer par le regard : ses yeux sont masqués par sa chevelure et rivés sur son téléphone portable. - « Tu as déjà eu des prises de sang ? - « … » - « Tu crains les piqures ? » - « … » - « Je vais piquer le bras droit ; tu vas devoir poser ton portable cinq minutes ».
Et là, je n’en crois pas mes yeux : elle prend le téléphone dans sa main gauche et continue tout aussi habilement et avidement à composer son « SMS » pendant que je la prélève !
Ça, on ne me l’avait encore jamais faite. Et je pratique donc mon soin n’écoutant que d’une oreille le discours incessant de la maman, qui d’ailleurs ne parle que d’elle et pas une seule minute de sa fille. Voilà, c’est fini… Elles sont parties et je n’aurai ni vu le visage, ni entendu la voix de ma « patiente ».
Bon sang, quel manque de respect : l’adolescence n’excuse pas tout, quand même ! Mais ma frustration est vite comblée par les patients suivants, avides de communication, eux.
Quelques semaines plus tard, voici ma jeune patiente de retour, seule cette fois. Quelle aubaine ! Bien qu’elle ait fait l’effort de répondre à mon bonjour, je respecte son silence et l’utilisation du portable (SMS oblige) pendant le soin. Puis je lui dis : - « Tu es en scooter ; il fait froid et en plus tu es à jeun… Je te fais un chocolat chaud ? » Elle lève la tête et je vois enfin son visage. Elle accepte l’invitation et tout en buvant la modeste collation, se confie longuement et sans plus aucune retenue.
J’écoute, j’entends sa détresse et surtout, je réalise une fois de plus qu’il faut se méfier des jugements trop hâtifs.
Elle repart, quelque peu délestée de son lourd secret et non sans m’avoir demandé timidement si on pouvait échanger nos « 06 ».
Seigneur, tu es la lumière et la vie, Mais comment aller vers Toi quand on est en survie ? Ils sont toujours là ces exclus, ces demi-morts, Ceux dont la route est sans aurore. Tu veux qu’ils se lèvent, marchent, relèvent la face Mais comment et pour qui veux-tu qu’ils le fassent ?
Ouvrons les portes de l’amour !
Il suffit de peu de choses pourtant Pour redonner cœur à ces frères souffrants : Le regard d’un passant, la prévenance d’un soignant. Du voisin qui, simplement, dit bonjour, Au travailleur social qui recommence jour après jour, Ils sont légion à être reliés par l’amour. Ils puisent aux sources de la vie, Et, ensemble, cheminent avec tes enfants meurtris.
Ouvrons les portes de l’amour !
Seigneur, donne à tous tes serviteurs D’avancer en frères et sœurs Sur Ta route, vers le bonheur.