Allumer nos vies Enregistrer au format PDF

Jeudi 1er mars 2018
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J’avoue avoir pleuré la mort de Johnny Hallyday, mi-décembre. Comme tant de français attristés par le décès de « l’idole des jeunes » - et des moins jeunes. Mes larmes ne charriaient pas la profonde tristesse des grandes peines que je connais si bien, mais elles étaient chargées d’émotion. L’émotion de voir s’éteindre un homme dont les chansons ont accompagné, à défaut de bercer puisque le rock’n roll ne berce pas, les différents âges de ma vie. Et j’ai chanté en boucle et à pleins poumons ses titres emblématiques, les anciens comme les plus récents, en écoutant les paroles avec une attention renouvelée.

Plus que d’autres, les mots de la chanson L’envie résonnent tout particulièrement en ce mois de février.

  • « Qu’on me donne l’obscurité, puis la lumière ;
  • Qu’on me donne la faim, la soif, puis un festin ;
  • Qu’on m’enlève ce qui est vain et secondaire ;
  • Que je trouve le prix de la vie enfin ;
  • Qu’on me donne l’envie,
  • Qu’on allume ma vie ».

À travers ces mots, Johnny, sans même le savoir peut-être, a décrit et chanté avec précision tout le sens et le beauté du Carême.

  • Quarante jours pour avoir soif, faim, envie.
  • Quarante jours pour contenir ses désirs afin de ressentir le Désir.
  • Quarante jours pour délaisser le superflu et retrouver l’Essentiel.

L’envie, chantée par Johnny, est la réponse parfaite à tous les dubitatifs et les méfiants qui se demandent à quoi servent la privation, la maîtrise des appétits, les restriction. Elles ne servent à rien si elles n’ont d’autre but qu’elles-mêmes. Mais l’ascèse donne toute sa mesure si elle a pour finalité l’envie de vivre, l’éveil du désir de Dieu. Son unique intérêt consiste, avec une simple étincelle parfois, à allumer le feu, le feu de Dieu dans nos vies. Alors, enfin, la lumière éclaire nos pas et réchauffe nos cœurs.

Si pendant des années, Johnny m’a fait chanter, danser, il donne aujourd’hui une nouvelle dimension au Carême qui commence ce mois-ci. Et je suis sûre qu’en s’approchant du Ciel, Johnny a chanté mieux que jamais :

« Oh, Marie, si je pouvais dans tes bras nus me reposer ».

Là où nous tous souhaitons aussi nous reposer.

Anne-Dauphine Julliand, Journaliste et écrivain Panorama – février 2018

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